L’Homme et les grottes
Patrimoine encore mal connu les grottes ont de tout temps exercé sur l’Homme crainte et fascination.
Les grottes font partie de l’Histoire de l’Homme
Elles ont été le témoin de son évolution. Tour à tour, abris temporaire, abris organisé, foyer domestique, puis refuge, forteresse, ermitage ou sanctuaires. Elles sont aussi souvent source de légende ou de superstition.
Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion d’Edouard-Alfred MARTEL que l’exploration se fera systématique et scientifique.
Depuis, ces explorations n’ont cessé de progresser. Des études de plus en plus poussées percent peu à peu les mystères du monde souterrain. De la formation des cavités aux différentes formes de vie qui les habitent.
Nombre de grottes ont été aménagées pour des visites touristiques qui dans un premier temps attirèrent un public recherchant l’émotion d’un périple souterrain. Aujourd’hui, le public recherche l’émotion, mais aussi la connaissance.
L’attrait toujours constant pour le monde souterrain, alors que les études scientifiques en améliorent, chaque jour, la connaissance conduit à présenter aux visiteurs une approche plus approfondie de ce milieu particulier.
Lecture des paysages souterrains, compréhension des mécanismes de creusement et de formation des concrétions, approche de la vie souterraine, de la préhistoire font désormais partie des informations proposées par les guides aux cours des visites.
L’Homme et les grottes
À l’instar de nos plus anciens ancêtres, qualifiés “d’Hommes des cavernes”, les grottes ont de tout temps attiré les hommes et les animaux.
Du fait de sa lente évolution et de la relative stabilité de son climat, le monde souterrain conserve parfaitement de nombreux témoignages anthropiques et paléontologiques.
Certains de ces vestiges, comme les empreintes humaines et animales ou l’art pariétal, se rencontre presque exclusivement dans les grottes.
” Mais au-delà de ces vestiges émouvants, c’est une quantité importante d’informations “concernant les Hommes des temps passés et leur environnement naturel, qui est disponible “sur le sol et les parois de nombreuses cavités.
“Les recherches archéologiques, dans le monde souterrain sont complémentaires de celles “conduites au jour, dans les abris ou en plein air. Sous terre, c’est bien souvent le “témoignage de brefs instants de la vie de quelques individus qui nous est révélé. Ces “images instantanées, d’une exceptionnelle qualité, viennent illustrer le film de l’histoire de “l’humanité patiemment reconstitué, à l’extérieur par les archéologues et les “paléontologues.” (F. ROUZAUD 1997)
Traces du passage des animaux dans les grottes
Les traces, laissées par les animaux, sont autant de témoignages de l’environnement de la caverne. Donc aussi de celui de ses occupants et de leur contexte de vie. Leur évocation est ainsi complémentaire de celle des manifestations anthropiques.
Si l’Homme a besoin d’un éclairage, fut-il sommaire pour pénétrer les zones obscures des cavités profondes, il n’en va pas de même pour les animaux.
Les chauves-souris sont les habitants actuels les plus connus du monde souterrain. Comme elles, de nombreux animaux occupent volontiers les cavernes. Hôtes occasionnels, ou venus accomplir, dans la quiétude des grottes, des phases de leur cycle biologiques (hibernation par exemple), ils ont laissé, dans les cavités, des traces de leur passage. Comme des empreintes, griffades, bauges, nids, reliefs de repas ou déjections sans parler de leur squelette en cas de mort sur place.
Souvent, aussi les cavités ont constitué des pièges naturels où les animaux vont tomber et mourir. Leurs carcasses, entraînées ou non par les eaux, s’accumulent dans les réseaux souterrains. Leurs ossements parfaitement conservés et protégés par les conditions particulièrement favorables de l’environnement souterrain constituent de précieux témoignages des faunes passées.
Conquête du milieu souterrain par l’Homme
À la fin de cette période glaciaire, il y a environ 10 000 ans, les Hommes semblent abandonner les galeries profondes. Des conditions climatiques, moins rigoureuses, favorisent la vie à l’extérieur et, dans le milieu souterrain, une phase de concrétionnement, qui va localement fossiliser les traces de la période précédente.
L’Homme revient dans les grottes profondes au Néolithique, il y a environ 6 000 ans, mais ses motivations sont différentes.
L’avènement de l’agriculture, et la sédentarisation qui l’accompagne, conduisent l’Homme à rechercher dans les grottes, outre l’abri naturel de l’entrée, des refuges , des cachettes et des sites de défense face à une insécurité nouvelle provenant plus de ses contemporains que de l’environnement.
Les grottes vont également servir de magasin pour stocker et conserver les aliments, mais deviennent aussi des lieux de sépultures. (Foissac en Aveyron).
Parfois, les grottes sont aussi des sources d’approvisionnement en matériaux divers, nécessaires au développement de nouvelles technologies. Comme de l’argile pour la poterie, du silex pour les outils, les armes ou les bijoux.
Les grottes vont alors servir de refuge et de cachette à chaque période troublée de l’Histoire.
Par ailleurs, il arrive que des matières utiles fassent l’objet de phénomènes naturels de concentration dans certaines cavités. Dès lors et encore récemment, ces grottes peuvent être le siège d’exploitations diverses : minerais, pierres d’ornement, argile, engrais, etc.
Exemple de la grotte de Foissac (Aveyron) : vestiges d’une occupation néolithique.
Zones d’occupations dans les grottes
La répartition des vestiges et des témoignages de l’activité, des Hommes et des animaux, dans les grottes n’est pas aléatoire. Elle est influencé à la fois par les caractéristiques de la cavité, et par les moyens et les motivations.
Il y a près de 400 000 ans, l’Homme maîtrise le feu. Cet éclairage artificiel va ainsi lui permettre de pénétrer dans les galeries profondes. C’est pourquoi, dès le paléolithique moyen, les fréquentations des zones obscures du milieu souterrain, deviennent courantes. L’Homme préhistorique signe alors ses passages sur les parois de ponctuations, tracés digitaux, mains peintes en négatif, etc.
Cette époque, il y a 15 000 à 12 000 ans, correspond à l’apogée de l’art pariétal préhistorique. En France, plus de 150 grottes ornées paléolithiques portent sur leurs parois et sur leur sol les témoignages du passage et de l’expression artistique des Hommes préhistoriques.
En effet, les gravures, dessins et peintures décorent les parois. Tandis qu’au sol, empreintes de pas et de glissades, traces de foyers, lampes rudimentaires, outils, objets sculptés permettent de suivre la piste des Hommes du paléolithique. Et ainsi de retrouver les cheminements, d’imaginer leur condition de séjour.
La France possède donc un patrimoine naturel et culturel souterrain unique. Il permet de voyager dans le temps dans des décors naturels uniques.
En effet, en plus des deux fidèles restitutions, réalisées pour des raisons de préservation, de Chauvet et Lascaux, la France offre des possibilités de visites de grottes préhistoriques naturels.
Découvrez la liste des grottes préhistoriques d’Ardèche, d’Ariège, d’Aveyron, de Bourgogne-Franche-Comté, de Dordogne, du Lot et des Pyrénées.
Certains préhistoriens considèrent les grottes ornées profondes comme des sanctuaires. Ils associent les caractéristiques des représentations pariétales à la rareté des habitats dans leur voisinage immédiat.
Une autre approche de l’occupation des cavernes profondes par les hommes du Magdalénien réside dans la rigueur climatique qui régnait pendant la dernière glaciation. La recherche du confort, lié à une température plus clémente et à la relative constance du climat interne qui prédomine dans les zones profondes du milieu souterrain, aurait motivé leur conquête.